LE PLEUTRE!

Tu cherches un lieu sûr et sécurisé?

Tu souhaites y passer le restant de tes jours?

Ces attroupements, là dehors ne te concernent pas,

Tu désires hiberner pendant ces chauds moments

Tu veux, au-delà de tout partir d'ici pour toujours?

Ces revendications que les tiens scandent te sont vaines

Les tiens, dis-je?

Tu ne les connais pas!

Partagez-vous le même misérable taudis?

Oui...mais ils ne sont pas tes frères!

En plus, ils luttent pour eux,

Ils font état de problèmes qui te concernent...

Toi aussi!

Mais tu préfères te taire,

Tu as débusqué la formule idéale!

Tu dis: ''on va encore faire comment?''

Oh! qu'il se taisent ces hommes qui crient leur faim...

Votre faim...

La nôtre!

Tu ne souhaites pas te frotter au risque?

Apprends tout de même à mieux dissimuler ta misère...

On te croirait peut-être!

Apprends aussi que c'est dans le risque que l'homme se connaît et se découvre comme tel!

Lourde bague (conte)

Voguant dans ses sombres pensées les plus vagues,

Comme pour se rappeler, l'homme tient sa bague

Ce doigt orné, et au bout duquel, telle l'expression de sa difficile condition,

Trône un ongle déteint, fissuré, sale, sous lequel des microbes trouvèrent nation

L'anneau qu'il scrutait le fit tressaillir à l'idée de LA retrouver,

Celle-là qui partageait sa misérable vie d'homme éprouvé

Par les difficiles et rudes épreuves dont il n'était jamais sorti triomphant

Il se remémore les doux moments passés avec celle qui lui donna des enfants.

A quoi songeait-il assis derrière cette table en cette froide nuit?

Les trois bouteilles, jadis pleines d'une liqueur locale avaient eu raison de lui

Désormais vide de toute substance vitale, le récipient de sa jeunesse,

Venant se briser sur cette union, l'a vite fait connaître la sagesse.

Sagesse?

Peut-on être sage lorsque derrière le masque des alcools l'on cherche à dissimuler,

A perdre, à se perdre, pour enfin se retrouver devant la dépouille de l'Etre immaculé?

Depuis quelques heures déjà, l'homme, épris d'un fol élan de ras-le-bol, tel un pleutre,

Avait regagné sa demeure où il trouva les siens perdus, apathiques et affamés

Elle, encore elle qui lui jeta son regard de compassion, qui le plaint, lui l'inaffirmé

Dans sa folie, cachant sa honte et approuvant les dire de sa mères...le meurtre!

Allez savoir comment cela s'est-il produit!

Comprenez donc ce qui l'y a conduit!

La bague, devenant plus pondéreuse a fini par lui ôter sa liberté.

La Raison de cette fille-femme dont il n'a jamais vu l'utilité de la scolarité

Devenait pour lui un juge qui le sommait et le condamnait à assumer,

Son taudis était désormais un bagne, et ses enfants des tortionnaires

Sagesse!

N'est-on pas plus sage dans le regret instantané qu'après des années d'acquis?

Ne trouve-t-on pas moins de réponses chez soi que dans les maquis?

Va savoir!

LBV, Salle des Jeunes 04/07/2008

ET SI J'ÉTAIS UN MONSTRE?

Du haut de la cime de mon orgueil, je n'aimais point

Aucune âme, parfaite soit-elle, ne me convenait.

J'étais si égoïste que même les miens m'étaient vains.

Je n'ai jamais appris à comprendre ceux pour qui je comptais.

Mon bonheur seul avait pour égal mon ego

Ma joie n'était pleine que face au malheur de l'autre

J'ai prétendu aimer, mon plaisir n'était que pervers et charnel

La réelle passion, je ne l'a sent que lors d'une grande querelle.

Le vil prétentieux, le belliqueux à la langue fourchue et invectivante,

Devant vous se tient ostensiblement tout en dévalant la pente

L'offense, maître mot dans sa vie, le traîne à la perdition

''Je parts, dit-il, mais vous vous souviendrez des mes actions.''

Va! hideux personnage. Le paradis d'Hades t'attend!

                    CHANGER LE MONDE?!

Comment?

Que veux-tu de ma contrée faire?

Je pense bien que tu t'y méprends.

Comment peut-on changer sa maison et omettre ses frères?

De ton action j'en doute l'efficience.

Apprends lors que la plaie morale des tiens s'infecte.

Cette lésion profonde et douloureuse nécessite que tu la panse.

Songe dorénavant à les soigner avant de faire le prophète.

Prends conscience des fâcheuses habitudes dont ils sont imprégnés.

Goûte le désagréable nectar du sous développement de leurs caractères

Les maux les plus virulents et les plus haïssables dans lesquels ils se complaisent. Goûte le breuvage des dieux du mal dont ils sont les sujets et les proies.

Si les tiens ne sont pas tout de suite tes premiers disciples,

La raison vient du fait que ton ambition n'apporte nullement ce qu'ils escomptent

Leur souhait est de les voir à la cime des fonctions qui rapportent le plus.

Ta volonté de changer les choses ne les intéresse guère

Le pécule est pour eux la seule fin louable qui vaille qu'on s'y attarde.

''Alors laisse-nous, te disent-ils...tes frères!''

''Va avec tes grandes ambitions qui n'ont de quoi tenir la route!''

Tes frères ne sont plus. Tu les as perdu. Le système a eu raison d'eux.

Tes désirs et souhaits sont à leurs yeux utopiques et indignes du fils du pays que tu prétend être.

Comment peut-on changer sa demeure si ses propres frères sont les taches qui enlaidissent les murs?

Faudrait-il détruire celle-ci afin d'y mieux vivre?

Si tu veux changer quoi que ce soit, pense déjà aux tiens,

Et...le reste on verra!

                                                       GABON 07/06/2007